L’île jadis est une pièce inédite que j’ai écrite en 2018 sur une commande de Bertrand Fournier, comédien, metteur et en scène et directeur artistique de la Compagnie T’Atrium, à Saint-Berthevin.
Site de la compagnie : T’Atrium
Interview sur Théâtre-contemporain.net : L’île jadis
Teaser sur Vimeo : https://vimeo.com/384965399
Mise en scène : Bertrand Fournier
Avec : Teresa Lopez Cruz, Sandrine Monceau et Denis Monjanel
Scénographie : Blandine Vieillot
Costumes : Cécile Pelletier
Sculpture et Machinerie : Yannick Thomas
Création Lumières : Julien Guenoux
Création sonore : Jean-Philippe Borgogno
Chargée de diffusion et de production : Satya Gréau
Résumé :
L’île n’est plus ce qu’elle était. Désolation.
Jadis, luxuriance, forêts, habitations, humains et animaux de toutes sortes d’espèces y cohabitaient.
Aujourd’hui, après les grands déluges et le feu provoqué par l’orage sans ses larmes, il ne reste presque plus rien.
Juste : un homme, Bokio ; une femme, Zhu ; quelques drôles d’animaux tandis qu’agonisent des oiseaux dans l’air chargé de funestes vapeurs ; un enfant venu d’ailleurs après les catastrophes, Notio ; et le vestige d’une ancienne statue sur la grève…
Comment se reconstruire au milieu d’un désert ?
Que nous reste-t’il lorsque des vies autour de nous se sont éteintes et que nos corps portent les stigmates d’anciennes blessures ?
Comment et pourquoi Bokio, Zhu, Notio et cette statue, tiennent-ils encore debout ?
Tournée :
Création les 4, 5, 7 et 8 novembre 2019 (scolaires)
9 novembre 2019 à 17h (tout public) au Le Reflet de Saint-Berthevin, en collaboration avec le Théâtre de Laval
14 et 15 novembre 2019 au Théâtre Paul Scarron scène conventionnée d’intérêt national pour les écritures théâtrales contemporaines.
26 novembre 2019 au Théâtre la Cerisay -Bressuire
28 novembre 2019 à L’Espace Claire de Lune à Ernée
6 décembre à la Salle polyvalente d’Evron
23 et 24 janvier 2020 à la Salle polyvalente de Mayenne
Et durant la saison 2020-2021 dans le Pays de Craon.
Extrait du texte :
NOTIO. – ZHU ! ZHU ! Tu dors ? ZHU !
ZHU (de l’intérieur de la cabane). – Et comment ?!
NOTIO. – Quoi ?!
ZHU (apparaît une lanterne à la main). – Comment est-ce que je pourrais dormir entre toi et l’autre énergumène qui gueule toutes les nuits ?!
NOTIO. – Peut-être qu’il faut lui dire ?
ZHU. – Quoi ?
NOTIO. – Pour ses bêtes. Son troupeau de létipèdes. Il les cherche toujours tu m’as dit, après toutes ces années. Faut lui dire qu’elles sont mortes dans le feu, avec sa préférée, Dia. Peut-être qu’on aura enfin la paix, s’il sait.
ZHU. – Tu sais rien. T’as rien vu. T’étais pas encore là.
NOTIO. – Je sais mais c’est toi qui m’as dit /
ZHU. – Bokio est un fou. Voilà ce que je t’ai dit. Laisse-le. Fais avec.
NOTIO. – Je sais pas qui c’est le plus fou. Lui, ou nous qui le laissons seul avec sa peine.
ZHU. – Arrête de philosopher où je te fous une raclée !
NOTIO. – On peut pas te parler.
ZHU. – Non. Et c’est pas près de changer.
NOTIO. – Mais qu’est-ce qu’il faudrait pour que tu /
ZHU. – Ça suffit ! C’est moi l’adulte !
NOTIO. – Et alors ?
ZHU. – Insolent ! Attends voir que je te /
NOTIO. – C’est bon c’est bon, j’arrête ! Tu m’aides ?
ZHU. – Qu’est-ce que c’est que ça ?
NOTIO. – Les claficornes !
ZHU. – Tout ça ?! Elle rit bruyamment, toute à sa joie.
NOTIO. – C’est la dernière fois ! Zhu vient vers lui et charge un sac sur son dos. Tu m’entends ?!
ZHU. – Suis pas sourde ! Elle tousse.
NOTIO. – Tu dis rien ?
ZHU. – Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? T’as pris le coup, c’est tout. Brave gars. T’es tombé sur une famille probablement. Elle rit, comme tout à l’heure.
NOTIO. – Une famille, prise aux pièges, oui, c’est ça. Mais pas de mes mains. Je prends pas le coup, rien du tout. Je veux pas je t’ai dit ! C’est les siennes.
ZHU. – Quoi les siennes ?
NOTIO. – Celles de Bokio.
ZHU. – Tu as volé ses claficornes ?!
NOTIO. – Oui. Dans ses pièges.
ZHU (le gifle). – Bon à rien !
Le masque à oxygène vole, Notio tombe et tousse.
NOTIO. – J’arrête pas de dire. T’entends rien, je veux plus ! Je veux plus, tu m’entends ?! Il pleure.
ZHU. – Même pas la moitié d’un homme.
NOTIO. – J’ai huit ans, tu te souviens ?!
ZHU. – Ramène-les.
NOTIO. – Quoi ?
ZHU. – Ramène-les où tu les as trouvées.
NOTIO. – J’ai peur.
ZHU. – De quoi ?
NOTIO. – Du noir, tu sais bien !
ZHU. – Justement. Ça te dégourdira.
(…)