Lendemains pour La Mouette d’Anton Tchekhov
Nina est à Yelets et joue Ophélie dans Hamlet. Ce soir, le journal lui annonce la mort de Treplev qui l’a aimée et qu’elle a laissé. Il fait nuit, il neige. Nina part.
Elle croise ceux qui l’ont connue : Arkadina, Trigorine, Medvedenko, Dorn… Nina est traversée par leurs voix. Fantômes ou rencontres ? Traverses. Elle marche, chute, se relève, à l’aube arrive et rage. Rend ce qu’elle doit à Treplev pour encore marcher, avancer, jouer et se tenir debout, longtemps.
Un monologue parcouru de voix, des fantômes, Hamlet, La Mouette, Tchekhov… c’est un hymne au théâtre.
Nina apprend la mort de Treplev et se met en route. Comme une évidence. Dans la nuit blanche et glacée d’un hiver russe.
Elle marche vers la tombe de celui qui fut à elle mais qu’elle a laissé, là-bas sur sa terre natale.
Pourtant, elle est revenue, un soir d’automne, dans cette chambre. et depuis il s’est tué. Comme ça.
D’un seul coup. La laissant seule face à son désastre. une fin du monde en soi
Elle marche, Nina, dans la nuit froide, trébuchant sur ses vieux fantômes, convoqués comme par magie pour cette dernière visite.
Elle parle de la vie, de la scène, elle l’actrice, jouant une dernière fois son rôle les pieds dans la neige face à la pierre.
Les mots sont là, qui déboulent au travers d’une pensée, d’une émotion fulgurante mais toujours à fleur de peau, comme un second souffle, au rythme des pas, au rythme de cette route qui s’ouvre devant elle.
Il y a Nina qui parle, Nina qui pense, Nina qui survit au milieu de ses douleurs.
C’est une déclaration d’amour à Nina, archétype du personnage tchekhovien et de l’actrice engagée. Une partition majeure et une écriture empathique qui laisse sourdre l’exaltation russe.
Article de Cécile Mathieu
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